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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

et le froid intense. Les Indiens vendent leurs prises aux divers postes de traite du Nord et, à l’exemple des « gars de chantiers », dépensent en folies tout l’argent qu’ils ont péniblement gagné. Quand ils ne possèdent plus un sou, ils retournent sur leurs terrains de chasse.

« La majorité des Indiens du Chibougamau meurent avant d’avoir atteint la quarantaine, car la tuberculose fauche ces gens plus qu’elle ne le fait nulle part ailleurs au monde. Lorsqu’un Indien passe de vie à trépas, il y a beaucoup de pleurs et de lamentations. Tout le monde assiste aux funérailles, auxquelles préside l’homme-médecin. Le défunt est ensuite enterré dans un cimetière isolé. Au-dessus de sa fosse, on ne répand pas de fleurs, mais du tabac, des pipes, des cigarettes et des allumettes. Tout comme l’homme blanc revient annuellement porter des fleurs sur la tombe de ceux qu’il a aimés, ainsi l’Indien revient, d’année en année, déposer du tabac sur la tombe des êtres chers ».

Le dégel, en 1951, eut lieu très tôt au Chibougamau. Dès le 8 mai, tous les cours d’eau étaient libres de glace et, de nouveau, géologues, ingénieurs miniers et prospecteurs affluèrent dans la région. Quelques années plus tôt, n’importe qui pouvait jalonner des centaines de claims très prometteurs ; mais à la mi-été 1951, aucune concession de quelque valeur ne pouvait plus s’obtenir. Le district tout entier était farci de jalons. Les « fins finauds » qui s’étaient moqué du « mirage de Chibougamau » rappliquaient maintenant et plus d’un me demanda : « Lorsque vous entendrez parler d’une bonne concession, laissez-le moi savoir » (ce que je ne fis jamais).

Cet intérêt soudain dans le Chibougamau était dû, en grande partie, au beau travail, accompli sur place, par le docteur Bruce Graham, du ministère des Mines du Québec, ainsi que par le docteur Paul Imbault, géologue du