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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

« Sur les mille milles carrés du Chibougamau, vivent environ trois mille Indiens pur sang. Ils descendent d’innombrables générations d’errants et parcourent à leur guise la vaste forêt, habitant sous la toile hiver comme été et méprisant les « campes » de bois rond de l’homme blanc.

« La peau des Indiens du Chibougamau est, à leur naissance, aussi blanche que celle d’un bébé de race aryenne. Plus tard dans le cours de leur vie, à cause peut-être de l’exposition au soleil et de la carence de savon, la peau devient plus sombre et parfois presque noire.

« Dès qu’un bébé indien peut marcher, on lui donne des raquettes : à l’âge de quatre ans, il sait déjà pagayer un canot d’écorce. Alors que le petit blanc commence à étudier l’alphabet, l’enfant indien est déjà expert dans l’art de capturer du poisson au filet, de tendre des collets pour le lièvre et de tirer du lance-pierres (« sling-shot ») de façon si précise, qu’il manque rarement d’abattre les perdrix ou autres oiseaux qu’il pourchasse.

« Les adolescents indiens (garçons et filles) se marient d’ordinaire entre les âges de seize et dix-huit ans. Ils ne choisissent pas leur conjoint ; cette importante décision est laissée aux parents. C’est peut-être pourquoi les divorces ou les séparations sont inconnues.

« La procédure nuptiale se poursuit d’ordinaire de la façon suivante : le père de Tommy Long-cèdre demande au père de Betty Peau-de-renard s’il en a assez de voir cette enfant encombrer sa tente. Si tel est le cas, que dirait-il si l’on se séparait de deux naissances d’un seul coup, en les mariant ? Si le père de Betty tombe d’accord, les noces se décident sur l’heure, sans s’occuper de détails ridicules comme anneau nuptial, présents pour la mariée, larmes maternelles et gâteau de noces indigeste.