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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

de traite au lac Ashuapmouchuan et, en pénétrant dans la cabane, aperçûmes les restes d’un homme qui avait été partiellement dévoré par son compagnon.

« Le mort avait été un guide au lac Saint-Jean et le supposé cannibale était un français, arrivé récemment de son pays pour faire le commerce des fourrures. Nous trouvâmes une note, écrite de la main de la victime, disant : « Pour l’amour de Dieu, secourez-nous, car nous mourons de faim. Nous partons pour essayer d’atteindre le lac Saint-Jean par la rivière principale. »

« Apparemment, les deux hommes s’étaient battus après la rédaction de cette note. Du sang, répandu sur les murs de bois rond, ainsi que des chaises et des assiettes brisées, étaient les témoins silencieux d’un combat sans pitié. Après un repas de côtelettes humaines, le français partit et personne ne sut jamais au juste ce qu’il est devenu. Des Indiens prétendirent qu’il s’était noyé dans un lac, à trente milles de notre poste, mais on ne retrouva pas son corps. Plus tard, la police provinciale vint exhumer le cadavre mutilé du guide (nous l’avions enterré à proximité de la cabane) et tint une enquête du coroner dans le district du Lac Saint-Jean, mais le mystère demeura sans solution. »

Il ne se passait guère de jour, au Chibougamau, que je ne rencontrasse un Indien, souvent avec sa famille. C’étaient des nomades incorrigibles, installant constamment de nouveaux campements, pour les détruire ensuite. Comme je n’avais jamais vécu en contact étroit avec eux, il m’était difficile de les bien décrire : heureusement, je fis la rencontre d’un vieux prospecteur qui, durant plusieurs années, avait habité avec des familles indiennes, dans l’intimité de leurs tentes sans cesse déplacées.

Voici ce qu’il me dit, au sujet des Indiens du Chibougamau :