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Un coup de vent, et pas autre chose. Un coup de vent, sans plus, et Gaëtane dit d’une voix enrouée :

— J’ai froid.

Elle se recula en un sursaut subit, violent. Tout pâle, tout crispé, son visage se détacha sur les ténèbres diamantées d’étoiles. Sous ses cils baissés se creusaient des cernes. Il y eut un intervalle d’humble silence et de pudique immobilité. Puis, tandis que l’ami Pierrot s’effarait d’avoir les mains vides, la comédienne redressa les cils, claqua des dents et répéta :

— J’ai froid… Je suis toute glacée.

Du moins, ses yeux brûlaient étrangement. Dardés sur ceux de Lauban, ils promirent :

— À tout à l’heure.

Et le regard du poète exprima :

— Pas de lapin, n’est-ce pas ? J’y compte. J’ai besoin de…

— Pas autant que moi.

Après ces aveux tacites et cependant très clairs et formels, les deux amoureux attardés quittèrent le venteux vestibule. Ils se