Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« ma vertu ». J’en souffrais comme d’une lancinante, comme d’une abominable odontalgie. Un jour que ma sœur m’avait pitoyablement remis deux écus pour aller chez le dentiste, je me trompai d’étage, voire de maison, et ce n’est pas à la mâchoire que je me fis opérer. Soulagement immédiat, mais si peu durable qu’il me fallut, à partir du lendemain, imaginer une queue leu-leu de mensonges afin de retourner souvent chez l’opérateur, qui était brune avec de la couperose, maigriote avec des varices, puait l’ail, le basilic, le vin noir, et aimait dire au moment pathétique de l’adieu : « Eh bé, mon pétit homme, tu mé donnes pas mes gants ? » Et l’opérateur (oh ! oh ! c’est une opératrice) mettait ses gants dans ses bas. Geste extraordinaire que je devais pourtant, dans la suite, constater professionnel. Car, je l’avoue, j’ai fréquenté pas mal (pas mal… et vous ?) chez les dames accueillantes, et, si l’on additionnait les gros numéros où j’ai fait commerce, on obtiendrait un fameux total. Loin de m’esquinter le tempérament, ça le renforçait plutôt, et, entre temps, je me prépa-