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s’assombrissent, surtout dans la seconde moitié de la nuit…

Maurice se convainquit qu’il ne découvrirait dans ces parages aucun bipède avec lequel il pût deviser en marchant. Il alluma une cigarette, allongea les lèvres en ventouse : l’odeur sacrée du scaferlati à dix sous les quarante grammes lui inspira l’idée de jaboter tout seul et tout haut. Quelle histoire allait-il se raconter ? Peau-d’Ane ou Peau-de-Zébie ? Non, son histoire à lui serait infiniment plus intéressante. (Sans compter que, pour nous, romancier — si l’on nous permet de nous réjouir entre parenthèses — elle va fournir une documentation singulièrement idoine à l’établissement de la psychologie Laubanesque).

Donc, Lauban décida de se narrer à soi-même, dans la nuit, sa propre histoire. Il se moucha, et, scrupuleux, commença par le commencement.

— Je ne suis fichtre plus un marmouset : j’ai vu le jour, voilà une pièce de vingt-quatre ans, à Neuilly-sur-Seine. Assurément, je ne sors pas de la cuisse de Zeus, ni du