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supposé que tu avais compris. Du reste, nous en causerons posément quand tu voudras… pas ce soir. Tu sauras tout… plus tard.

Repentant, il baissa la tête : mentalement, il se traita de « vilain bougre ». Bien sûr, elle avait un décorum à garder, la pauvre petite ! et un entreteneur sérieux à garder itou ! Elle était l’amie du prince Jean. L’amie du prince Jean ne devait pas être soupçonnée. Et lui, égoïste, après s’être copieusement conjoui avec cette femme divine, voulait lui faire perdre sa « situation ». Comment des sentiments d’une muflerie si intense se pouvaient-ils loger dans son âme délicate de poète ? il se sentait devenir bleu d’étonnement, blanc de remords, rouge de confusion.

Et Gaëtane disait à ce barde tricolore :

— Tu sauras tout… Pour l’instant, contente-toi de savoir que je t’aime et qu’en te recevant ici, je t’ai donné la plus grande preuve d’amour qu’une femme puisse donner. S’il t’est désagréable de partir, il ne m’est pas moins désagréable de me séparer de toi. Avec quelle joie j’aurais dormi dans