Elle revint pour expliquer, très grave :
— J’ai un décorum à garder. Le décorum ! le mot, la chose sont stupides, je le sais. Je n’y puis rien : ma vie est ainsi faite… Chaque soir, en rentrant je sonne ma femme de chambre afin qu’elle me déshabille. Je vais la sonner et…
— Et, interrompit-il d’une voix curieuse et inquiète, est-ce qu’elle vous déshabille longtemps ?
— Ça dépend des soirs. Ce soir, je tâcherai qu’elle se dépêche. Vous, ne vous impatientez pas. Soyez sage.
— Comme un mage d’Épinal. Vous n’avez rien à me donner à fabriquer en vous attendant ?
— Mais si. Couchez-vous.
— C’est une idée. Je chaufferai le lit, chevrota-t-il.
— Je n’osais pas le dire.
Et elle sortit tranquillement de la chambre dont elle referma la porte.
— « Je n’osais pas le dire ! » se cabra Maurice Lauban resté seul dans l’obscurité. C’est ça, elle n’osait pas me dire qu’elle me prenait pour une bassinoire !