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duit, comme je l’avais déjà fait pour des affaires du même genre.

— Ah, dis-je, vous vouliez évidemment leur faire éviter la Cour des divorces ; mais je pense qu’elle a souvent à régler de pareilles affaires.

— Alors vous supposez une absurdité. Je sais qu’il a existé des choses aussi folles que des cours de divorce : mais réfléchissez : tous les cas qui s’y présentaient étaient des affaires de discussion de propriété ; et je pense, cher Hôte, dit-il en souriant, que, bien que venu d’une autre planète, vous pouvez voir, d’un simple regard superficiel sur notre monde, que des discussions de propriété privée ne peuvent trouver place parmi nous de nos jours.

En effet, ma course de Hammersmith à Bloomsbury, et toute la tranquille vie heureuse dont j’avais vu tant de preuves, même sans compter mon emplette, auraient suffi à me montrer que les « droits sacrés de la propriété », tels que nous nous les représentions, n’existaient plus. Je restai donc silencieusement assis, et le vieillard reprit son discours :

— Or donc, les discussions de propriété n’étant plus possibles, que reste-t-il en ces matières, dont une cour de justice pourrait s’occuper ? Imaginer une cour pour renforcer un contrat de passion ou de sentiment ! S’il fallait aller jusqu’à réduire à l’absurde la nécessité d’un contrat, une telle folie suffirait.

Il se tut de nouveau un instant, puis il dit :

— Il faut que vous compreniez une fois pour toutes, que nous avons changé ces choses ; ou