garda en arrière par dessus son épaule, et dit :
— Ils sont en veine aujourd’hui : c’est un excellent exercice d’essayer combien de coups de pioche on peut donner en une heure ; et je peux voir que ces voisins-là savent bien leur métier. Ce n’est pas seulement une question de force pour avancer vite dans ce genre de travail, n’est-ce pas, Hôte ?
— Je ne pense pas, répondis-je, mais, à dire vrai, je ne m’y suis jamais essayé.
— Vraiment ? dit-il d’un air grave, c’est grand dommage ; c’est un bon travail pour fortifier les muscles, et cela me plaît ; mais je reconnais que c’est plus agréable la seconde semaine que la première. Ce n’est pas que j’y sois adroit : je me rappelle qu’on se moquait de moi à un ouvrage où je travaillais, et on me criait : « Bien ramé, pioche ! Mettez-y le dos, baissez-vous ! »
— La plaisanterie n’est pas bien drôle, fis-je.
— Oh, dit-il, tout nous semble une bonne plaisanterie, quand nous avons un ouvrage agréable en train et de bons garçons joyeux autour de nous ; nous nous sentons si heureux, vous savez.
Je me remis à réfléchir en silence.