— Quelle belle créature, dis-je à Dick en entrant.
— Qui ? le vieux grison ? dit-il, avec une grimace maligne.
— Non, non ; les cheveux d’or… la dame.
— Oui, c’est vrai. C’est une bonne affaire qu’il y en ait tant, que chacun puisse avoir sa chacune : autrement je crains bien qu’on se battrait pour elles. Et, ajouta-t-il devenu très grave, je ne dis pas que ça n’arrive pas encore quelquefois. Car vous savez que l’amour n’est pas chose très raisonnable, et la perversité et l’obstination sont plus communes que ne le pensent quelques-uns de nos moralistes. Il ajouta, d’un ton encore plus sombre :
— Oui, il n’y a qu’un mois il est arrivé un malheur là-bas, chez nous, qui a fini par coûter la vie à deux hommes et à une femme, et, pour ainsi dire, nous a caché la lumière du soleil pour un temps. Ne m’interrogez pas là-dessus pour le moment ; je vous le raconterai plus tard.
À ce moment nous étions dans la boutique, qui avait un comptoir et des rayons sur les murs, le tout très bien tenu, quoique sans prétention à l’effet, d’ailleurs pas très différent de ce à quoi j’étais habitué. Il y avait là deux enfants, un garçon d’environ douze ans, à la peau brune, qui était assis à lire un livre, et une jolie petite fille d’un an à peu près plus âgée, qui était aussi assise et lisait derrière le comptoir ; ils étaient visiblement frère et sœur.
— Bonjour, petits voisins, dit Dick. Mon ami