tout simplement vivre au XIVe siècle, sensation à laquelle contribuait le costume des gens que nous rencontrions ou dépassions et dont les vêtements n’avaient rien de « moderne ». Presque tout le monde était habillé gaiement, particulièrement les femmes, qui avaient si bon air, ou même étaient si belles, que j’avais peine à retenir ma langue d’appeler l’attention de mon compagnon sur ce fait. Je vis quelques visages pensifs, et en ceux-là je remarquais une grande noblesse d’expression, mais aucun n’était malheureux, et la plupart (nous rencontrions pas mal de gens) étaient franchement et ouvertement joyeux.
Il me sembla reconnaître Broadway au croisement de routes qui existait encore. Sur le côté nord de Broadway, il y avait une rangée de bâtiments précédés de cours, bas, mais magnifiquement construits et ornés, qui formaient un vif contraste avec les maisons sans prétention d’alentour ; et au-dessus de ce bâtiment bas, s’élevaient le toit raide, couvert de tôle, et les contreforts et parties supérieures du mur d’un grand hall, dans un style splendide d’architecture flamboyante, dont il ne suffirait pas de dire qu’elle me parut réunir les meilleures qualités du gothique de l’Europe moderne avec celles de l’architecture sarrasine et de la byzantine, bien qu’il n’y eût copie d’aucun de ces styles. Sur l’autre côté de la route, au sud, il y avait une construction octogonale avec un toit élevé, rappelant comme aspect le baptistère de Florence, sauf qu’elle était entourée d’une