moment vers le nord. Bientôt nous vîmes devant nous un talus d’ormes qui supposait une maison au milieu d’eux, et pourtant je cherchai vainement les murs gris que je m’attendais à voir ici. Chemin faisant, les gens sur la rive causaient, mêlant leurs voix douces au chant du coucou, au fort sifflement des merles et à la note incessante du râle de blé, qui se faufilait entre les hautes herbes du champ de fauchage, d’où le trèfle en fleur parmi l’herbe mûre envoyait des ondes parfumées.
En quelques minutes, après avoir traversé un passage tourbillonnant, puis le vif courant qui venait du gué, nous échouâmes nos barques sur une minuscule plage de sable calcaire, et mîmes pied à terre pour tomber dans les bras de nos amis du haut fleuve, notre voyage terminé.
Je me dégageai de la mêlée joyeuse, et montant sur la route de voitures qui suivait le cours du fleuve à quelques pieds au-dessus de l’eau, je regardai autour de moi. À ma gauche, la rivière descendait au milieu d’une large prairie, toute grise maintenant des herbes mûries qui grenaient ; l’étincellement de l’eau m’échappait en ce moment, caché par la berge, mais au-dessus de la prairie je pouvais voir les pignons d’une maison, là où je savais que devait être l’écluse, et qui semblait attenir maintenant à un moulin. Une ligne boisée peu élevée limitait le bassin du fleuve vers le sud et le sud-est, d’où nous étions venus, et il y avait quelques maisons basses au pied de cette arête, et au sommet de sa pente. Je me tournai un peu vers la