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ment ; elle s’était levée et se tenait au haut de la pente, son délicieux costume agité par le vent, une main posée sur sa poitrine, l’autre bras tombant et tendu par son ardeur.

— C’est vrai, dit-elle, c’est vrai ! Nous en avons éprouvé la vérité !

Je crois qu’avec tout mon… (quelque chose de plus que l’intérêt et l’admiration)… je commençais à me demander comment tout cela finirait. J’avais une lueur de crainte de ce qui pourrait suivre, une vague inquiétude sur le remède que pouvait offrir cet âge nouveau pour la perte d’un objet où l’on aurait mis son cœur. Mais voici que Dick se leva et cria à sa manière cordiale.

— Voisine Ellen, est-ce que vous vous disputez avec l’Hôte, ou bien le tourmentez-vous pour lui faire raconter des choses qu’il ne peut pas bien expliquer à notre ignorance ?

— Ni l’un ni l’autre, cher voisin, dit-elle. J’étais si loin de me disputer avec lui, que je crois lui avoir fait prendre en amitié à la fois lui-même et moi. Est-ce vrai, cher Hôte ? ajouta-t-elle avec un délicieux sourire exprimant qu’elle était sûre d’être comprise.

— Absolument, dis-je.

— Et de plus je dois dire qu’il s’est très bien expliqué à moi, en sorte que je le comprends parfaitement.

— Fort bien, fit Dick. Dès que mes yeux vous ont d’abord aperçue à Runnymede, j’ai compris qu’il y avait quelque chose de merveilleusement sagace dans votre esprit. Je ne le dis