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éclairci, comme si elle avait saisi l’idée, et dit :

— Oui, ami, je vois ce que vous voulez dire. Nous avons parfois, — ceux d’entre nous qui examinent ces questions, — causé à fond sur ce point ; parce que, en réalité, nous avons quantité de documents sur les soi-disant arts du temps avant l’égalité de la vie ; et il ne manque pas de gens qui disent que l’état de la société n’était pas la cause de toute cette laideur ; qu’ils étaient laids dans leur vie parce qu’ils aimaient l’être, et qu’ils auraient pu s’entourer de belles choses, s’ils les avaient choisies ; tout comme un homme ou un groupe d’hommes peuvent aujourd’hui, s’il leur plaît, faire des choses plus ou moins belles… Attendez ! je sais ce que vous allez dire.

— Vous le savez, dis-je en souriant, mais avec un battement de cœur.

— Oui, dit-elle, vous alliez me répondre, m’enseigner ceci ou cela, quoique vous n’ayez rien dit tout haut. Vous alliez dire qu’aux temps d’inégalité, c’était une condition essentielle de la vie de ces hommes riches de ne pas se livrer eux-mêmes aux travaux nécessaires à l’ornement de leur vie, mais de contraindre à ces travaux ceux qu’ils obligeaient à vivre des vies gênées et sordides ; et ainsi, par une conséquence naturelle, la saleté, la gêne, la laide nudité de ces vies misérables étaient péniblement transformées en ornement des vies des riches, et l’art périt parmi eux. Est-ce là ce que vous auriez dit, mon ami ?

— Oui, oui, dis-je en la regardant avide-