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laissait entrevoir un jardin au-delà, et, au-dessus, une grande surface de mur couverte de peintures gaies (à la fresque, me sembla-t-il), avec des sujets analogues à la frise extérieure ; chaque chose en ce lieu était élégante et de matières solides ; et bien que ce ne fût pas très grand (peut-être un peu plus petit que Crosby Hall), on y goûtait ce sentiment joyeux de l’espace et de la liberté, que donne toujours à l’homme sans soucis, qui sait user de ses yeux, une architecture satisfaisante.

Dans cet endroit agréable, que je jugeai être la salle des Hôtes, trois jeunes femmes glissaient de-ci, de-là. Comme elles étaient les premières personnes de leur sexe que je voyais en cette matinée mouvementée, je les regardai naturellement avec beaucoup d’attention, et les trouvai au moins aussi belles que les jardins, l’architecture et les hommes. Bien entendu, je pris note de leur costume : elles étaient très décemment enveloppées de draperies, et non empaquetées dans des articles de mode ; elles étaient vêtues comme des femmes, non ajustées comme des fauteuils, ainsi que la plupart des femmes à notre époque. Bref, leur costume était à peu près intermédiaire entre l’ancien costume classique et les formes plus simples des vêtements du quatorzième siècle, bien qu’il ne fût évidemment une imitation d’aucun des deux ; la matière en était légère et gaie, connue il convenait à la saison. Quant aux femmes elles-mêmes, il était vraiment agréable de les voir, tant elles avaient une aimable expression de