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CHAPITRE XXI

EN REMONTANT LA RIVIÈRE


Lorsque je m’éveillai, par un magnifique matin ensoleillé, je sautai du lit avec mon appréhension de la veille encore présente, mais elle fut aussitôt dissipée délicieusement, lorsque je regardai tout autour de ma petite chambre et aperçus les dessins aux couleurs pâles, mais pures, peints sur le mur, avec des vers écrits dessous que je connaissais parfaitement. Je m’habillai rapidement avec un costume bleu préparé pour moi, si beau que je rougis, positivement, lorsque je l’eus mis, et j’éprouvai en rougissant cette joie surexcitée, précédant un jour de fête, que je n’avais plus éprouvée aussi vive depuis mon enfance, aux vacances d’été, les premiers jours du retour à la maison.

Il semblait qu’il fût de bonne heure, et je m’attendais à me trouver seul dans la salle, lorsque j’y entrai par le corridor où donnait ma chambre à coucher ; mais je fus aussitôt devant Annie, qui laissa tomber son balai, et me donna un baiser, sans autre signification, je le crains, qu’un témoignage d’amitié ; elle rougit pourtant, non par timidité, mais de plaisir amical, puis elle ramassa son balai et continua