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nions pour eux-mêmes ou leur entourage immédiat, mais qui commençaient à prévoir l’écrasement définitif des socialistes, et même des tendances démocratiques, que, disaient-ils, on avait traité avec une si absurde indulgence depuis soixante ans.

Le général capable ne prit aucune mesure apparente ; et pourtant un petit nombre de journaux secondaires seulement l’injurièrent ; des hommes réfléchis en conclurent qu’un complot se tramait. Quant au Comité de Salut public, quelque idée que se fissent ses membres de leur situation, ils étaient allés trop loin pour reculer, et plusieurs, semble-t-il, croyaient que le gouvernement n’agirait pas. Ils continuèrent tranquillement à organiser leurs distributions de vivres, qui étaient plutôt maigres, s’il faut le dire ; et, de plus, en réponse à l’état de siège, ils armèrent le plus d’hommes qu’ils purent dans les quartiers où ils étaient le plus forts, mais sans essayer de les faire manœuvrer ou de les organiser, pensant peut-être qu’ils ne pourraient, dans l’hypothèse la plus favorable, les transformer en soldats exercés, tant qu’ils n’auraient pas le temps de respirer. Le général capable, ses soldats et la police ne prirent garde à tout cela le moins du monde ; tout fut plus calme à Londres pendant la fin de cette semaine ; il y eut pourtant des émeutes en beaucoup d’endroits de province, qui furent réprimées par les autorités sans grande difficulté. Les plus sérieuses eurent lieu à Glasgow et à Bristol.