et prit le vieux nom révolutionnaire de Comité de Salut public ; mais, comme ils ne disposaient d’aucun corps d’hommes exercés et armés, ils ne tentèrent rien d’agressif et affichèrent seulement sur les murs des appels un peu vagues aux ouvriers, les exhortant à ne pas se laisser fouler aux pieds. Pourtant ils convoquèrent une réunion à Trafalgar-Square pour quinze jours après l’escarmouche précédente.
Pendant ce temps, la ville ne s’apaisa pas et les affaires avaient à peu près cessé. Les journaux, alors, comme toujours, presque entièrement entre les mains des maîtres, demandaient à grands cris au gouvernement des mesures répressives ; les citoyens riches furent enrôlés comme corps de police supplémentaire et armés, eux aussi, de gourdins ; beaucoup d’entre eux étaient des jeunes gens vigoureux, bien nourris, des pur-sang, et ils avaient grand désir de se battre ; mais le gouvernement n’osa pas les employer et se contenta de se faire attribuer, par un vote du Parlement, pleins pouvoirs pour étouffer toute révolte et amener à Londres de plus en plus de soldats. Ainsi s’écoula la semaine après la grande réunion ; une autre presque aussi nombreuse fut tenue le dimanche, qui se passa tranquillement en somme, car il n’y fut fait aucune opposition, et de nouveau le peuple cria « victoire ». Mais lorsqu’ils se réveillèrent le lundi, les gens s’aperçurent qu’ils avaient faim. Les jours précédents, des groupes d’hommes avaient défilé dans les rues, demandant (ou, si vous voulez,