Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du pays, en même temps que le machinisme, entre les mains des Travailleurs Unis, et à réduire les classes privilégiées à la position de pensionnés qui dépendraient évidemment du bon plaisir des ouvriers. « La Résolution », comme on l’appela, reçut une large publicité dans les journaux du jour ; de fait, c’était une déclaration de guerre, et elle fut reçue comme telle par la classe des maîtres. Ils commencèrent dès lors à se préparer à une solide résistance contre « le communisme stupide et féroce de l’époque », selon leur expression. Et comme à beaucoup d’égards ils étaient encore très puissants, ou paraissaient l’être, ils espéraient encore, au moyen de la force brutale, rattraper quelque chose de ce qu’ils avaient perdu, et peut-être, à la fin, le tout. On disait parmi eux, de toutes parts, que ç’avait été une grande faute des différents gouvernements de n’avoir pas résisté plus tôt ; et les libéraux et radicaux (nom, que vous connaissez peut-être, de la partie des classes dirigeantes dont les tendances étaient les plus démocratiques), étaient fort blâmés d’avoir conduit le monde dans cette impasse, par leur pédantisme intempestif et leur sentimentalisme ridicule : un certain Gladstone, ou Gledstein (sans doute, à en juger par son nom, d’origine scandinave), homme politique important du dix-neuvième siècle, était particulièrement l’objet de cette réprobation. J’ai à peine besoin de vous signaler l’absurdité de tout cela. Mais une tragédie terrible était cachée derrière ces grimaces du parti réactionnaire.