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dent qu’à moins de comporter un prix du travail plus élevé pour chaque heure, ce serait une illusion, et que les maîtres, à moins d’y être forcés, s’en tiendraient là. Aussi, après une longue lutte, une autre loi fut votée, fixant un prix minimum du travail dans les industries les plus importantes, laquelle à son tour dut être appuyée par une loi fixant le prix maximum des denrées alors considérées comme nécessaires à la vie d’un ouvrier.

— On se rapprochait terriblement des rations de pauvres des Romains, dis-je en souriant, et de la distribution parcimonieuse de pain au prolétariat.

— Beaucoup le disaient à l’époque, dit le vieillard sèchement ; et ce fut longtemps un lieu commun, que le socialisme d’État aboutirait à cette fondrière, s’il aboutissait, ce qui, vous le savez, n’arriva pas. Cependant, il alla plus loin que ces questions de minimum et de maximum, et, soit dit en passant, nous pouvons voir maintenant qu’elles étaient nécessaires. Le gouvernement se trouva dans l’obligation de répondre à la clameur de la classe des maîtres disant que la destruction du commerce était proche (destruction aussi désirable, s’ils l’avaient su, que l’extinction du choléra, qui heureusement a eu lieu depuis). Et il fut forcé d’y répondre par une mesure hostile aux maîtres, l’établissement d’ateliers nationaux pour la production des denrées nécessaires et de marchés pour leur vente. L’ensemble de ces mesures fit quelque effet : elles étaient en somme de même nature que les