Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nuèrent ainsi. Le pouvoir des classes supérieures avait diminué, à mesure que diminua leur domination sur la richesse générale, et elles ne purent plus l’emporter haut la main comme elles y avaient été habituées à l’époque précédente. En cela, les résultats justifiaient les socialistes d’État. D’autre part, les classes ouvrières étaient mal organisées et devenaient en réalité plus pauvres, malgré les concessions (pourtant sérieuses, à la longue) auxquelles on avait obligé les maîtres. Ainsi les choses se balançaient : les maîtres ne pouvaient réduire leurs esclaves à complète sujétion, tout en réprimant quelques faibles émeutes partielles assez facilement. Les ouvriers arrachaient à leurs maîtres des améliorations, réelles ou imaginaires, dans leur situation, mais ne pouvaient leur arracher la liberté. Enfin vint la grande débâcle. Pour expliquer ceci, il faut que vous compreniez qu’il avait été fait de très grands progrès parmi les ouvriers, bien qu’on eût peu gagné, comme je l’ai dit, dans le sens de la vie matérielle.

Je fis l’innocent :

— En quel sens pouvaient-ils faire des progrès, sinon dans la vie matérielle ?

— Dans le sens de la capacité d’instaurer un état de choses où la vie matérielle serait abondante et facile à gagner. Ils avaient enfin appris à s’unir, après une longue période de fautes et de désastres. Les ouvriers avaient maintenant une organisation complète pour la lutte contre leurs maîtres, lutte qui pendant plus d’un demi-