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nous, nos différends sont relatifs à des questions de métiers et aux affaires passagères qui les concernent, et ne pourraient pas diviser les hommes de façon durable. En général, le résultat immédiat montre quelle opinion sur tel sujet est la bonne ; c’est une question de fait, non de spéculation. Par exemple, il n’est évidemment pas facile de fonder un parti politique sur la question de savoir si la moisson, dans telle ou telle région, commencera cette semaine ou la suivante, quand tous les hommes sont d’accord qu’elle doit au plus tard commencer dans deux semaines et quand chacun peut descendre lui-même dans les champs et voir si les grains sont assez mûrs pour être coupés.

— Et vous réglez ces différends, grands et petits, par la volonté de la majorité, je suppose ?

— Certainement ; comment pourrions-nous les régler autrement ? Vous voyez, dans des questions qui sont purement personnelles, qui n’intéressent pas le bien de la communauté, comment un homme s’habillera, qu’est-ce qu’il mangera ou boira, qu’est-ce qu’il écrira ou lira, et ainsi de suite, — il ne peut y avoir aucune différence d’opinion, et chacun fait ce qu’il lui plaît. Mais, lorsque la question est d’intérêt général pour la communauté tout entière, et que faire ou ne pas faire quelque chose intéresse chacun, il faut que la majorité l’emporte ; à moins que la minorité veuille en venir aux mains et montre par la force qu’elle est la majorité effective ou réelle ; ce qui, cependant,