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vent hétérogènes et en désaccord entre elles, à former certains groupes artificiels et mécaniques, de les appeler nations et d’exciter leur patriotisme, — c’est-à-dire leurs préjugés absurdes et envieux.

— Oui,… je ne sais pas comment.

— C’est bien, dit Hammond gaiement ; vous pouvez facilement comprendre, maintenant que nous sommes délivrés de cette folie, combien il est évident pour nous que, grâce à cette diversité même, les différents caractères des races peuvent être mutuellement avantageux et agréables, sans qu’on ait le moins du monde besoin de se voler les uns les autres : nous sommes tous attachés à la même entreprise et nous y consacrons nos vies. Et je dois vous dire que les querelles ou malentendus qui surgissent se produisent très rarement entre gens de race différente ; et, par suite, puisqu’il y a moins d’absurdité dans ces querelles, elles sont d’autant plus vite apaisées.

— Bien, dis-je, pour ce qui est des questions de politique ; quant aux différences générales d’opinion dans une seule et même communauté, affirmez-vous qu’il n’y en a pas ?

— Non, pas du tout, dit-il d’un air un peu hargneux ; mais je dis que des différences d’opinion sur des choses vraiment sérieuses n’ont pas besoin, — et chez nous elles n’ont pas cet effet, — de cristalliser les gens en partis constamment hostiles, avec des théories différentes sur l’origine du monde et le progrès. N’est-ce pas là ce que signifiait politique ?