que j’aurais attendu d’un marinier de Hammersmith, que je le fixai en répondant :
— Maintenez la barque un instant, je vous prie, j’ai besoin de regarder un peu autour de moi.
— Si vous voulez ; ce n’est pas moins joli par ici, dans son genre, qu’au-delà de Barn Elms ; c’est gai partout à cette heure du matin. Je suis content que vous vous soyez levé de bonne heure ; il n’est encore que cinq heures.
Si j’étais étonné de la vue des quais du fleuve, je n’étais pas moins étonné de mon marinier, maintenant que je le regardais à loisir et que je le voyais avec une tête et des yeux lucides.
C’était un beau jeune homme, avec, dans les yeux, un air particulièrement agréable et amical, — une expression qui m’était toute nouvelle alors, mais qui me devint bientôt familière.
Il avait les cheveux noirs et la peau grain de café, il était bien bâti et vigoureux, évidemment habitué à exercer ses muscles, mais sans rien de brutal ou de grossier, et aussi propre que possible. Son habit ne ressemblait à aucun vêtement de journalier moderne que j’eusse vu, mais aurait très bien pu donner une idée du costume au XIVe siècle : C’était un vêtement bleu sombre, assez simple, mais de fine toile, et sans une tache. Il avait une ceinture de cuir brun autour de la taille, et je remarquai que l’agrafe était d’acier damasquiné superbement travaillé. Bref, il semblait un jeune gentleman très élégant et raffiné, jouant au marinier par plaisanterie, et je conclus que tel était le cas.