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CHAPITRE XI

DU GOUVERNEMENT


— Maintenant, dis-je, j’en suis arrivé au moment de poser des questions, auxquelles je crois que les réponses seront arides et les commentaires difficiles pour vous ; mais j’ai prévu depuis quelque temps déjà qu’il faut que je les pose, bon gré, mal gré. Quelle sorte de gouvernement avez-vous ? Le républicanisme a-t-il finalement triomphé ? Ou en êtes-vous venus à une pure dictature, que plusieurs, au dix-neuvième siècle, prophétisaient devoir être l’issue dernière de la démocratie ? Et cette dernière hypothèse ne semble pas tellement absurde, puisque vous avez transformé votre palais du Parlement en marché au fumier. Ou alors, où avez-vous installé votre Parlement actuel ?

Le vieillard répondit mon sourire par un rire cordial, et dit :

— Bah ! bah ! le fumier n’est pas la pire sorte de corruption ; la fertilité peut en être la suite, tandis que la disette seule suivait l’autre sorte, dont ces murs autrefois enfermaient les grands soutiens. Eh bien, cher Hôte, permettez-moi de vous dire que notre parlement actuel serait difficile à installer en un seul endroit, parce que le peuple entier est notre parlement.