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tres d’artisans. Elle est devenue ensuite un pays d’immenses et sales boutiques et de plus sales cavernes de jeu, entourées de fermes mal tenues, rongées de misère et mises au pillage par les maîtres des boutiques. Elle est maintenant un jardin où rien n’est pillé, rien abîmé, avec les habitations, hangars, boutiques nécessaires, répandus par tout le pays, le tout soigné, coquet, joli. Car, vraiment, nous aurions trop honte de nous-mêmes, si nous acceptions que la fabrication des denrées, même sur une grande échelle, comportât seulement l’apparence de la désolation et de la misère. Eh bien ! mon ami, ces ménagères dont nous parlions tout à l’heure, nous enseigneraient mieux que cela.

Je dis :

— Certes, sous cet aspect, tout est changé pour le mieux. Mais, bien que je doive bientôt voir quelques-uns de ces villages, dites-moi en deux mots comment ils sont, rien que pour me préparer.

— Peut-être avez-vous vu quelque peinture supportable de ces villages, tels qu’ils étaient avant la fin du dix-neuvième siècle. Il en existe.

— J’ai vu plusieurs peintures de ce genre, dis-je.

— Eh bien, dit Hammond, nos villages ressemblent au meilleur de ces endroits, avec l’église ou maison de réunion des voisins comme bâtiment principal. Remarquez seulement qu’il ne s’y trouve aucune trace de pauvreté : aucun délabrement pittoresque ; ce dont, à dire vrai,