Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

HUMANITAD

 Nous voici au coeur de l'hiver. Les arbres sont
 dépouillés, excepté là où les bestiaux se terrent pour
 résister au froid, sous le pin, car celui-ci ne revêt
 jamais la livrée éclatante de l'automne, à qui son
 frère jaloux dérobe son or. Pour lui, il garde fidèlement
 son costume vert; âpre est le vent,
 comme s'il soufflait de la caverne de Saturne.
 Quelques minces poignées de foin adhèrent encore
 aux haies vivement dessinées en noir, la où le
 charretier a ramené la charge odorante d'un jour
 d'été, depuis les prairies d'en bas jusqu'à la pente
 étroite. Sur la neige à demi fondue, les bêlantes
 brebis se tassent contre les barrières, et les chiens
 domestiques, tout transis,
 vont de t'étable close au ruisseau gelé, et reviennent
 l'air découragé, et regrettent le pâtr