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bouclier d'airain, et vêtue de toute son armure

 brillante et polie, Athéné franchit à grands pas
 l'étendue de la mer effrayée et frissonnante.
 Aux yeux las du marin, sa chevelure flottante
 parut semblable au nuage déchiré par la tempête,
 et ses pieds ne furent que l'écume qui flotte sur les
 brisants cachés. Et voyant les vagues monter de
 plus en plus et imprimer au navire un roulis
 plus violent, le pilote cria au jeune limonier qui
 tenait la barre de virer du côté d'où venait le
 vent.
 Mais lui, l'adultère trop audacieux, le charmant
 violateur des augustes mystères, en idolâtre épris
 d'un ardent amour, quand il vit ces grands yeux
 impitoyables, il fut pris d'une joie bruyante, et
 jetant ce cri: «Me voici», il s'élança de la haute
 poupe dans le tumulte des vagues glacées.
 Alors tomba du haut des cieux une brillante
 étoile, un danseur se sépara du cercle de la Voie
 lactée, et sur son char retentissant, dans tout l'orgueil
 de la divinité vengée, faisant sonner son armure
 du bruit aigu de l'acier, la pâle déesse reprit
 le chemin d'Athènes, et quelques bulles montaient
 en bouillonnant, à l'endroit où était tombé l'adolescent
 qui s'était épris d'elle.
 Et le mât trembla quand la grande chouette le
 quitta en jetant des ululements moqueurs, avant