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capricieux; du haut de l'arbre, la tourterelle

 lançait sa monotone stridulation; le rat d'eau, à la
 fourrure lustrée d'huile, nageait bravement contre
 le courant, cherchant à découvrir le nid du canard
 sauvage; de branche en branche sautillait le pinson
 craintif, et la massive tortue rampait sur le
 limon.
 A la brise légère voltigeaient les graines soyeuses,
 lorsque la faux luisante prenait son élan à travers
 les vagues de gazon; le merle d'eau faisait jaillir
 des gouttes en cercle parmi les roseaux, et semait
 de taches d'argent le miroir qui, dans la forêt, avait
 à peine reflété l'image des alentours, lorsque du
 fond de l'eau, la tanche sombre faisait un bond
 pour atteindre la libellule.
 Quant à lui, il ne prêtait aucune attention, même
 quand l'écureuil s'amusait à monter, à descendre
 sur le tronc du bouleau, quand la linotte avait
 commencé à chanter pour son compagnon sa plus
 douce sérénade. Ah! il ne prêtait guère d'attention,
 car il avait vu les seins de Pallas et la nudité merveilleuse
 de la Reine.
 Mais quand le berger rappela ses chèvres vagabondes,
 en sifflant dans son chalumeau, par-dessus
 la route pierreuse, quand le lucane sonore, comme
 un clairon, bourdonna dans l'obscurité croissante,
 des bois, quand la grue attardée passa comme une