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le berger Daphnis chanter la chanson de Linus

 dans quelque vallon ensoleillé de la chaude Arcadie
 où le blé est de l'or, où les moissonneurs aux
 membres légers et sveltes dansent près du troupeau
 enfermé dans le parc.
 Et il est doux d'entendre à côté de la jeune Lycoris
 dans quelque lointaine vallée de l'Illyrie, et
 sous une voûte de feuillage sur un tapis d'amaracus,
 nous pourrions, nous aussi, perdre dans l'extase un
 jour d'été, et nous divertir à qui sera le plus habile
 sur le chalumeau, pendant que bien loin au-dessous
 de nous, s'irrite la pourpre troublée de la mer.
 Mais combien ce serait plus doux si le pied
 chaussé de sandales d'argent de quelque Dieu longtemps
 caché venait jamais fouler les prairies de
 Nuneham; si jamais Faune portant à ses lèvres la
 flûte de roseau pouvait lever la tête près des vertes
 flaques d'eau! Ah! il serait doux, en effet, de voir
 le céleste berger appeler à la pâture son troupeau à
 la blanche toison.
 Aussi, chante donc pour moi, musicien harmonieux,
 quoique tu ne chantes, après tout, que ton
 propre _requiem_. Dis-moi ton récit, infortuné chroniqueur,
 conte-moi tes tragédies. Ne dédaigne point
 ces retraites nouvelles pour toi, cette campagne anglaise,
 car notre île du Nord peut donner de quoi
 faire bien des belles couronnes,