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LOUIS-NAPOLEON

 Aigle d'Austerlitz, où étaient tes ailes quand,
 exilé bien loin sur un rivage barbare, après une
 lutte inégale, sous les coups d'un inconnu, tomba
 le dernier rejeton de ta race de rois?
 Pauvre enfant! tu ne paraderas plus dans ton
 manteau rouge, tu ne chevaucheras pas en grande
 pompe à travers Paris, à la tête de tes légions revenues,
 mais d'autre part, ta mère, la France, libre
 et républicaine,
 posera sur ton front pâle et sans couronne les
 lauriers plus glorieux de la couronne guerrière,
 afin que ton âme puisse sans déshonneur aller là-bas
 raconter au puissant auteur de ta race
 que la France a baisé les lèvres de la Liberté, et
 les a trouvées plus douces que le miel de ses abeilles
 à lui, et que la Démocratie, vague géante, se brise
 sur les rivages où les rois reposaient sans souci.