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 Le vigoureux lion-marin des guerres d'Angleterre
 a quitté sa caverne de saphir de l'océan, pour
 livrer bataille à l'orage qui fait pâlir l'étoile de la
 chevalerie anglaise.
 Le clairon à la gorge de bronze résonne par les
 landes et les joncs du Palhan, et les pentes escarpées
 des neiges de l'Inde tremblent sous le pas des
 hommes armés.
 Et plus d'un chef Afghan, couché sous la fraîcheur
 de ses grenadiers, serre dans sa main son épée,
 en sentant naître en lui le farouche soupçon, dès qu'il
 voit sur la pente de la montagne
 le Marri, éclaireur au pied agile, qui vient lui
 apprendre qu'il a entendu dans le lointain le roulement
 rythmé des tambours anglais résonner aux
 portes de Kandahar.
 Car le vent du sud et le vent de l'est se rejoignent
 à l'endroit où, ceinte et couronnée par le fer et
 le feu, l'Angleterre, les pieds nus et sanglants,
 monte la route escarpée d'un vaste empire.
 O cime solitaire de l'Himalaya, gris pilier du ciel
 indien, où as-tu vu pour la dernière fois dans la mêlée
 retentissante, nos chiens ailés que mène la Victoire?
 Près des bosquets d'amandiers de Samarkand à
 Bokhara, où s'épanouissent les rouges, et vers
 l'Oxus au sable jaune où se rendent les graves
 marchands aux turbans blancs,