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muet de ce triste regard, nous apprenons quel terrible
fantôme peut faire surgir la main rougie de l'homme.
O bouche meurtrie! O front couronné d'épines! O calice plein de toutes les misères communes! Toi, tu as pour l'amour de nous qui ne t'avons point aimé, tu as enduré une agonie prolongée pendant des siècles sans fin. Et nous autres nous étions vains, ignorants, et nous ne sûmes point que le coup de poignard, porté par nous à ton coeur, atteignait mortellement le nôtre.
Car nous étions à la fois les semeurs et les semences, la nuit qui enveloppe, et le jour qui s'assombrit, la lance qui perce et le flanc qui saigne, les lèvres qui trahissent, et la vie qui est trahie; l'abîme a le calme, la lune a le repos, mais nous les maîtres du monde de la nature, nous» sommes encore notre redoutable ennemi.
Est-ce là le terme de toute cette force primitive, qui restant identique sous les divers changements, est sortie par violence du chaos aveugle, pour monter toujours plus haut, à travers des mers affamées et des tourbillons de rochers et de flammes, jusqu'à ce que les soleils se fussent groupés dans le ciel, pour commencer leurs cycles, jusqu'à ce que chantassent les étoiles du matin et que le Verbe se fit homme?