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les marches du Capitole dans les temps jadis, où

 Rome était vraiment Rome, car la liberté marchait
 a côté de lui comme une fiancée, et à leur vue le
 pâle Mystère
 fuyait en jetant un cri aigu jusqu'en sa sombre
 cellule, et entraînant un vieillard qui tenait des
 clés rouillées; fuyait en frémissant de terreur à ce
 tocsin éternel qui sonne le glas de l'oubli sur les
 dynasties défuntes, et enfin il a'abattit comme
 l'aigle blessé sous la rafale, lorsque le grand triumvir
 pénétra jusqu'au coeur sacré de Rome.
 Il connaissait le coeur sacro-saint et les collines
 de Rome; il arracha sa louve immonde de la caverne
 du lion, et maintenant il repose dans la mort, près
 de ce dôme empyréen que Brunelleschi suspendit
 dans les airs au-dessus du Val d'Arno. O Melpomêne,
 fais chanter dans ta flûte mélancolique ta plus douce
 plainte.
 Fais chanter par les clefs tragiques des mélodies
 telles que la joie elle-même puisse en concevoir de
 la jalousie, et que les Neuf oublient un instant leur
 modeste empire pour pleurer sur celui qui, pour
 ressusciter les hommes, alluma dans le plus grandiose
 des sanctuaires de Rome le flambeau de Marathon,
 et porta l'ardeur du soleil jusque sur les
 plaines oubliées du Soleil.
 Oh! garde-le bien, ma Tour de Giotto, et que