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douleur est un mode par lequel l’homme peut se réaliser, a exercé sur le monde une extraordinaire fascination.

Des parleurs superficiels, des penseurs superficiels, dans les chaires et à la tribune, déclament sur l’amour du monde pour le plaisir, et geignent contre ce fait. Mais il est rare de trouver dans l’histoire du monde qu’il se soit donné pour idéal la joie et la beauté.

Le culte, qui a le plus dominé le monde, c’est celui de la souffrance.

Le moyen-âge avec ses saints et ses martyrs, son amour de la souffrance cherchée, sa furieuse passion de se faire des blessures, de s’entailler avec des couteaux, de se déchirer à coups de verges, le moyen-âge, c’est le vrai christianisme, et le Christ médiéval, c’est le Christ véritable.

Quand l’aube de la Renaissance parut sur le monde, et qu’elle lui offrit les idéals nouveaux de la beauté dans la vie, et de la joie de vivre, les hommes cessèrent de comprendre le Christ.

L’art lui-même nous le montre.