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nous on trouve les journalistes les plus sérieux et les journaux les plus indécents.

Ce n’est point exagérer que de dire : elle force.

Il se peut qu’il y ait des journalistes qui prennent un réel plaisir à publier des choses horribles, ou qui, étant pauvres, considèrent le scandale comme une sorte de base solide pour se faire des rentes. Mais il y a, j’en suis certain, d’autres journalistes qui sont des hommes bien élevés, des gens cultivés, qui éprouvent une réelle répugnance à publier de telles choses ; ils savent qu’il est mal d’agir ainsi, et ils le font, parce que l’état de choses malsain au milieu duquel s’exerce leur profession, les oblige à fournir au public ce que le public demande, à rivaliser avec d’autres journalistes pour livrer cette marchandise en quantité, en qualité correspondantes autant que possible, au grossier appétit des masses. Il est très humiliant pour une classe d’hommes bien élevés, de se trouver dans une situation pareille, et je suis convaincu que la plupart d’entre eux en souffrent cruellement.