Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par bonheur, ils ont eu pour effet d’empêcher l’établissement d’une institution identique, dont l’Angleterre n’a aucun besoin.

Naturellement le public se montre très téméraire dans l’emploi de ces qualifications.

Qu’on ait qualifié Wordsworth de poète immoral, il fallait s’y attendre. Wordsworth était un poète. Mais que Charles Kingsley ait été appelé un romancier immoral, c’est extraordinaire, la prose de Kingsley n’était pas d’une très belle qualité.

Mais le mot est là, et le public s’en sert du mieux qu’il peut.

Le vrai artiste est un homme qui croit absolument en lui-même, parce qu’il est absolument lui-même. Mais je n’ai pas de peine à concevoir, que si, en Angleterre un artiste produisait une œuvre d’art qui, dès l’instant de son apparition, serait adoptée par le public, par son interprète, c’est-à-dire par la presse, et déclarée par elle œuvre parfaitement intelligible, hautement morale, l’artiste ne tarderait pas à se demander sérieusement, si dans sa création il a été réellement