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jours à deux assertions stupides, — la première, que l’œuvre d’art est grossièrement inintelligible, la seconde que cette œuvre est grossièrement immorale.

Qu’est-ce qu’il entend par là ?

Le voici, à ce que je crois.

Quand il dit qu’une chose est grossièrement inintelligible, il veut dire que l’artiste a écrit ou créé une belle chose qui est nouvelle.

Quand il qualifie une œuvre de grossièrement immorale, cela signifie que l’artiste a dit ou fait une belle chose qui est vraie.

La première phrase se rapporte au style ; la dernière au sujet traité. Mais sans doute ces mots ont pour lui un sens très vague, il s’en sert comme une foule en émeute se sert de pavés tout prêts.

Il n’y a pas un seul vrai poète, pas un seul vrai prosateur, en ce siècle par exemple, auquel le public anglais n’ait solennellement conféré des diplômes d’immoralité.

Et chez nous ces diplômes sont l’équivalent exact de ce qu’est en France l’entrée officielle par une élection à l’Académie Française ; et