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ment, c’étaient la poésie et l’art scénique. À Eton, il était toujours occupé à se farder et à réciter du Shakespeare et quand nous allâmes au collège de la Trinité, la première année, il devint un membre du A. D. C.

Je me souviens que je fus toujours très jaloux de son goût pour la scène. Je lui étais absurdement dévoué. J’étais un garçon gauche, faible, avec d’énormes pieds et le visage horriblement couvert de taches de rousseur.

Les taches de rousseur, c’est la plaie des familles écossaises, comme la goutte celle des familles anglaises.

Cyril avait l’habitude de dire que des deux il préférait la goutte, mais il attachait toujours une importance absurde à l’extérieur des gens et, une fois, il lut, devant notre club de controverse, un mémoire pour prouver qu’il valait mieux avoir bonne mine qu’être bon.

Certes, il était étonnamment beau.

Les gens qui ne l’aimaient pas, les Philistins et les professeurs de collège, les jeunes gens qui étudiaient pour être d’Église, avaient coutume de dire qu’il n’était que joli, mais