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il n’y a pas deux rois. Si les nuits sont fraîches, va te chauffer contre cette mule que ma carabine a abattue, ou bien abats-en une autre. Mon butin est à moi, comme la Navarre est au roi Carlos, fils de Juive !

Joaquin Martinez épaula son arme et il allait tirer quand la femme, d’un bond de sauvagesse, détourna le fusil et envoya la balle se perdre dans les nuages.

Haussant les épaules, Martinez jeta l’arme déchargée et, d’un coup de navaja en plein ventre, coucha à terre la prisonnière de Carrega.

— Corps de Dieu ! hurla le Navarrais se lançant en avant en brandissant sa carabine.

Mais un nouveau coup de la terrible navaja suspendit sur ses lèvres la kyrielle des blasphèmes.

Une écume blanche au coin de la bouche, il s’affaissa dans la mare de sang que rendait le corps de la femme éventrée.

Au bruit du coup de feu, Miralles, suivi de quelques hommes, accourait.

Martinez n’essaya pas de nier la querelle.