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Sur sa tête, elle avait un petit bonnet tissé d’argent, et elle était pâle comme le palais de neige, dans lequel elle avait toujours vécu.

Elle était si pâle que, quand elle passait par les rues, les gens s’en étonnaient.

— Elle ressemble à une rose blanche, criait-on.

Et, des balcons, on jetait des fleurs sur elle.

À la porte du château, le prince l’attendait pour la recevoir. Il avait des yeux violets et rêveurs et ses cheveux étaient comme de l’or fin.

Quand il la vit, il fléchit le genou et baisa sa main.

— Votre portrait était beau, murmura-t-il, mais vous êtes plus belle que votre portrait.

Et la petite princesse rougit.

— Elle ressemblait tout à l’heure à une rose blanche, dit un jeune page à son voisin, mais maintenant elle ressemble à une rose rouge.

Et toute la cour fut dans le ravissement.

Les trois jours qui suivirent, tout le monde se disait :