Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Art sera en état d’en tirer quelques conclusions utiles.

A vrai dire, Miss Stokes, se faisant l’écho des aspirations de la majorité des grands archéologues irlandais, espère en une renaissance d’une école irlandaise indigène d’architecture, de sculpture, de travail du métal et de peinture.

Naturellement on ne peut que louer vivement une telle aspiration, mais ces résurrections sont toujours exposées au danger de n’être que des reproductions artificielles, et l’on peut se demander si le caractère particulier de l’ornementation irlandaise se prêterait assez docilement à l’interprétation de l’esprit moderne.

Un auteur récent, qui traitait de la décoration de l’habitation, a gravement donné à entendre que le propriétaire anglais devrait prendre ses repas dans une salle à manger qu’embellirait un dais chargé d’inscriptions en ogham.[1]

Des propositions aussi criminelles peuvent mettre sur leurs gardes tous ceux qui s’imaginent que la reproduction d’une forme implique nécessairement la renaissance de l’art qui a vivifié la forme, et qui ne veulent pas reconnaître de différence entre l’art et les anachronismes.

Miss Stokes propose une église aux ouvertures en forme d’arc, où le peintre des murs répétera les arcades et suivra la composition architecturale des

  1. Écriture secrète irlandaise et celtique employée dans les inscriptions anciennes.