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la grossière crosse de bois, il nous ramène à la simplicité de l’Église chrétienne primitive, et, dans la période de son apogée, il nous offre les grands chefs-d’œuvres de l’incrustation celtique sur métaux.

Le calice de pierre fait alors place au calice d’argent et d’or ; la clochette de fer possède son étui incrusté de gemmes, et la rude crosse, son enveloppe somptueuse.

De riches coffrets et de splendides reliures protègent les livres sacrés des Saints, et au lieu du symbole grossièrement taillé des premiers missionnaires, nous avons de magnifiques œuvres d’art, telles que la croix processionnelle de l’Abbaye de Cong.

Elle est vraiment belle cette croix avec son lacis délicat d’ornements, la grâce de ses proportions et sa merveilleuse finesse de travail.

Et il n’y a pas l’ombre d’un doute sur son histoire.

Les inscriptions qu’elle porte, et qui sont confirmées par les Annales d’Innisfallen et le Livre de Clonmacnoise, nous apprennent qu’elle fut ciselée, pour le roi Turlough, O’Connor par un artiste indigène, sous la direction de l’Évêque O’Duffy, et que sa destination première était de servir d’écrin à un fragment de la vraie Croix envoyé à ce roi en 1123.

Apportée à Cong quelques années plus tard, probablement par l’archevêque qui y mourut en 1150, elle fut cachée à l’époque de la Réforme, mais au commencement du siècle actuel, elle était encore la possession du dernier abbé.

A sa mort, elle fut achetée par le Professeur Mac