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M. Image offrit des rafraîchissements à son auditoire après avoir terminé son discours, et il fut extrêmement intéressant d’entendre les différentes opinions exprimées par la Grande École de critique des Five o’clock, qui était largement représentée.

Pour notre compte, nous avons trouvé la conférence de M. Image extrêmement suggestive.

Il était parfois difficile de comprendre en quel sens exact il entendait le mot « littéraire » et nous ne pensons pas qu’un cours de dessin, d’après un moulage en plâtre du Gaulois mourant, put, si peu que ce soit, perfectionner le critique d’art ordinaire.

La véritable unité des arts doit être découverte, non point dans la ressemblance d’un art avec un autre, mais dans le fait que, pour une nature véritablement artistique, tous les arts ont la même chose à dire et tiennent le même langage, au moyen d’idiomes différents.

On aura beau barbouiller un mur de cave, on ne fera jamais comprendre à un homme le mystère des Sibylles de Michel-Ange, et il n’est point nécessaire d’écrire un seul drame en vers blanc pour être en état d’apprécier la beauté d’Hamlet.

Il faut qu’un critique d’art ait un tempérament susceptible de recevoir les impressions de beauté, et une intuition suffisante pour reconnaître un style, quand il le rencontre, et la vérité, lorsqu’elle lui est montrée, mais s’il lui manque ces qualités, il pourra faire de l’aquarelle à tort et à travers, sans arriver à se les donner, car si toutes choses restent cachées au critique incompétent, de même rien ne sera révélé au mauvais peintre.