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Il est probable que l’archaïsme de la langue suffira toujours pour empêcher un poète comme Dunbar de devenir populaire, dans le sens ordinaire du mot.

Toutefois le livre du Professeur Veitch[1] prouve qu’en tout cas, il y a « dans le pays des galettes » des gens capables d’admirer et d’apprécier ses merveilleux chanteurs d’autrefois, des gens que leur admiration pour le Lord des Îles, et pour l’Ode à une pâquerette de la montagne ne rend point aveugles aux beautés exquises du Testament de Cresseida, du Chardon et de la Rose, du Dialogue entre Expérience et un Courtisan.

Le Professeur Veitch, prenant pour sujet de ses deux intéressants volumes le sentiment de la Nature dans la poésie écossaise, commence par une dissertation historique sur le développement du sentiment dans l’espèce humaine.

L’état primitif lui apparaît comme se réduisant à une simple « sensation de plein air ».

Les principales sources de plaisir sont la chaleur que donne le grand soleil, la fraîcheur de la brise, l’air général de fraîcheur de la terre et du ciel, sensation à laquelle s’associe la conscience de la vie et du plaisir sensitif, tandis que l’obscurité, l’orage et le froid sont regardés comme désagréables.

A cette époque succède l’époque pastorale, où nous trouvons l’amour des vertes prairies, de l’ombre donnée par les arbres, de tout ce qui rend la vie agréable et confortable.

  1. Le sentiment de la nature dans la poésie écossaise.