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parmi les morts, qui après la chaleur et la hâte
enfin trouve le loisir pour sa voix forte et ferme
qui puise du calme dans les grandes profondeurs de l’enfer.
Elle m’a appelé, me disant : « J’ai entendu un cri pendant la nuit ?
Va et ne fais pas de question ; dans ta demeure
ma volonté attend l’exécution.
....................
........ Et elle gît là,
ma mère ! oui, encore ma mère. Ô chevelure
avec laquelle j’ai joué dans cette demeure ! Ô yeux
qui m’ont reconnu un instant à mon arrivée,
et se sont éclairés et ont battu d’affection ;
et l’instant d’après ont été éteints par ma main ! Oh ! malheur à moi !
Vous ne vous poserez plus sur moi en ce monde.
Pourtant tu seras peut-être plus heureuse, si tu vas
En quelque terre de vent et de feuilles agitées,
dormir sous une étoile ; mais quant à moi,
l’Enfer a faim, et les Furies infatigables attendent.

Milton et le procédé de la tragédie grecque, telles sont les influences qui ont agi sur M. Phillips, et ici encore nous allons dire : quelles influences meilleures pouvaient agir sur un jeune poète ?

Son vers a de la dignité et de la distinction.

M. Cripps a parfois de la mélodie, et M. Binyon, le récent lauréat d’Oxford, nous prouve dans son Ode lyrique sur la jeunesse, qu’il sait manier adroitement un mètre difficile, et que, dans le sonnet suivant, il est capable de saisir les doux échos qui dorment dans les sonnets de Shakespeare :

Je ne puis relever mes paupières, quand s’en va le sommeil