Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

La présence d’un élément étranger dans l’art de Wordsworth est naturellement admise par M. Pater, mais il en parle en passant simplement au point de vue psychologique, et en faisant remarquer combien cette qualité des états d’esprits élevés ou inférieurs produit dans sa poésie l’effet d’une faculté qui n’était pas entièrement à lui ou sous son « contrôle » d’une faculté qui va et qui vient à son gré, en sorte que l’antique fantaisie d’après laquelle l’art du poète est un enthousiasme, une forme de possession divine, paraît absolument vraie pour lui.

Les premiers Essais de M. Pater avaient leurs purpurei panni si remarquablement bien faits pour être cités, comme le fameux passage sur Monna Lisa, et cet autre où l’étrange idée que Botticelli se faisait de la Vierge est si étrangement exposée.

Il est difficile de choisir dans le présent volume un passage de préférence à un autre pour caractériser avec plus de précision la manière de M. Pater.

En voici toutefois un qui mérite d’être cité tout au long.

Il contient une vérité éminemment appropriée à notre siècle.

« Que la fin de la vie soit non point l’action, mais la contemplation, — être en tant que distinct d’agir, — une certaine disposition d’esprit, tel est sous une forme ou une autre, le principe de toute moralité supérieure. En poésie, en art, si vous entrez réellement dans leur esprit véritable, vous touchez, en quelque sorte, ce principe : tous deux, par leur stérilité, sont un type du fait de contempler sans autre objet que la simple joie de contempler. Traiter la vie dans l’esprit