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C’est un point de vue intéressant pour regarder Lamb, mais il aurait peut-être éprouvé quelque difficulté à se reconnaître en ce portrait.

Il eut, à n’en pas douter, de grands chagrins ou sujets de chagrins, mais il savait se consoler, séance tenante, des tragédies réelles de la vie en lisant la première venue des tragédies de l’époque d’Elisabeth, pourvu que ce fût dans l’édition in-folio.

L’essai sur Sir Thomas Browne est très agréable et possède le charme étrange, personnel, fantasque de l’auteur de Religio Médici.

M. Pater saisit souvent la couleur et l’accent de tout artiste, de toute œuvre d’art dont il traite.

L’essai sur Coleridge, avec l’insistance qu’il met à recommander la culture du relatif, comme opposition à l’esprit absolu, en philosophie et en éthique, son appréciation élevée de la place du poète dans notre littérature, est une œuvre tout à fait irréprochable pour le style et le fond.

La grâce dans l’expression et une subtilité délicate dans la pensée et la phrase caractérisent l’Essai sur Shakespeare. Mais l’Essai sur Wordsworth a une beauté intellectuelle qui lui est propre.

Il s’adresse non point au Wordsworthien ordinaire, avec son tempérament dépourvu de critique, sa grossière confusion entre les problèmes éthiques ou esthétiques, mais plutôt à ceux qui désirent séparer l’or de la gangue, et arriver jusqu’au vrai Wordsworth, à travers la masse de composition ennuyeuse et prosaïque, qui porte son nom, et qui sert souvent à nous le cacher.