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moins réussi des essais réunis dans le présent volume est celui qui a pour titre le Style.

C’est le plus intéressant, parce qu’il est l’œuvre d’un homme qui parle avec la grande autorité que donne la noble réalisation de choses noblement conçues.

C’est le moins réussi, parce que le sujet est trop abstrait.

Un véritable artiste, tel que M. Pater, réussit surtout quand il a affaire au concret, dont les bornes mêmes lui donnent une plus belle Liberté, tout en exigeant une vision plus intense.

Et pourtant quel haut idéal on trouve en ces quelques pages !

Combien il est bon pour nous, en ces temps d’éducation populaire et de facile journalisme, de s’entendre rappeler qu’une vraie culture est essentielle à l’écrivain accompli, qui, « sincèrement épris des mots pour eux-mêmes, observateur minutieux et constant de leur physionomie, » évitera ce qui est pure rhétorique, ornement d’ostentation, mauvais choix des mots par négligence, redondance sans portée, qui se fera reconnaître à des omissions pleines de tact, par son habileté dans l’économie des moyens, par son choix, l’art de se restreindre, et peut-être surtout par cette construction artistique, consciente, qui est l’expression de l’esprit dans le style.

Je crois que j’ai eu tort de dire que le sujet était trop abstrait.

Entre les mains de M. Pater, il devient vraiment très réel pour nous, et il nous montre comment il faut